
Prendre soin de la victime en soi
Dans un monde où il faut être fort tout le temps, il ne fait pas bon être victime.
Nous sommes prêt·e·s à tout pour éviter de nous voir et nous sentir vulnérable, faible.
Pour ne pas ressentir ces émotions dites négatives. Rien que le mot fait peur, est inacceptable.
Dans les milieux du développement personnel, de la spiritualité, certains refusent catégoriquement le statut de victime. Parce que ça ferait vibrer à des fréquences trop basses ou parce que ça nous empêcherait de devenir la « meilleure version de nous-même ».
Ne pas en parler, ne surtout pas prononcer le mot comme s’il était une malédiction. Et si on en parle, c’est pour t’expliquer à quel point te croire victime est néfaste pour toi. Rien n’est plus faux.
Mais comme on en reste là, on voit d’un côté des gens qui rejettent complètement la victime en eux et, à l’opposé, des gens qui passent toute leur vie à se sentir victime. Mais, entre ces deux extrêmes, il existe une autre façon de voir à condition de sortir des conditionnements et d’être un peu curieux·se.
Est-ce vraiment un problème d’être victime?
En un mot NON. On peut se détendre, tout va bien.
Nous avons tous.tes vécu des situations où nous avons été victime. C’est humain, ça fait partie de la vie et ça n’est pas un problème en soi. Nous avons été blessé·e, nous nous sommes senti·e·s faibles et vulnérables. C’est difficile, c’est inconfortable, oui. Encore plus quand on veut l’oublier et passer vite fait à autre chose. Prétendre que tout va bien, que c’est du passé et on se concentre sur l’avenir, sur le positif. Comme si cet événement faisait de nous des victimes à vie, marqué.e.s au fer rouge, sans aucune possibilité de changer. Mais pas du tout.
Le vrai problème est de refuser de prendre soin de cette victime en nous.
Nous avons tous vécu des situations difficiles, blessantes voire terrifiantes. Le genre de situations qui laisse des traumas. Qui modifie notre façon de ressentir, de penser, d’agir et de voir le monde. Le genre de choses qui complique sérieusement nos vies. Mais au lieu de prendre soin de ces blessures, qui de toute façon restent là et prennent encore plus d’ampleur quand on n’en prend pas soin, on préfère les nier, les éviter coûte que coûte.
Souvent, ça n’est même pas conscient. Parce qu’on a tous·tes plus ou moins appris à réagir comme ça et que c’en est devenu une habitude, un réflexe.
Puisqu’il faut rester fort et ne pas montrer le moindre signe de faiblesse, d’émotion, on met ça de côté en pensant que le temps et l’oubli guérissent. Que se concentrer sur le positif résout tout. C’est tout le contraire. La blessure prend de plus en plus d’ampleur jusqu’à créer des problèmes émotionnels et physiques. Le déni ne soigne pas. La victime en soi, reste blessée, sans aide, sans possibilité de résolution, de guérison.
La première étape vers la guérison: reconnaître et accueillir la victime en soi.
Arrêter de se faire croire qu’on peut être fort·e tout le temps. Accepter son humanité, ses forces, ses faiblesses, ses hauts et ses bas. Accepter que oui, c’est arrivé et que ça a été vraiment très dur à vivre. Qu’on s’est senti·e démuni·e, sans solutions, sans aide peut-être même.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, accepter sa vulnérabilité demande une sacrée force. Dans bien des cas, il est essentiel de se faire accompagner. Parce qu’on ne sait pas comment s’y prendre, parce que c’est nouveau, parce que ça peut faire peur. Et tout simplement parce que nous sommes humain·e·s et que nous avons tous·tes besoin d’aide.
Parce qu’à partir de ce moment peut débuter le processus de guérison. Au lieu d’avoir peur, on peut commencer à être curieux·se et accueillir, avec la plus grande bienveillance, ce que cette part victime a à nous dire. Et c’est un processus libérateur et guérisseur et tellement puissant qui peut commencer.
Prendre soin de ses faiblesses pour retrouver ses forces.
Prendre soin de ses blessures pour que le blocages s’envolent, sans forcer.
Pour se reconnecter à Soi.
Mais, on ne peut pas se lancer sur ce chemin avec une mentalité de « bourrin » à laquelle notre société nous a habitué. Pas de passage en force au risque d’aggraver les choses. On ne peut pas guérir de la même manière qu’on est tombé malade.
Non, ça demande une autre approche. Une approche douce, accueillante et bienveillante. Celle qui va respecter le rythme propre à chacun·e et qui va donner de vrais résultats sur le long terme.
Cette approche ouvre la voie de la véritable guérison qui permet de se reconnecter à ces parts de nous blessées et les réintégrer sous leur vraie forme. Ces parts, lorsqu’elles ne sont plus blessées, peuvent retrouver leur expression libre, leur force. C’est le chemin pour se retrouver et se sentir pleinement soi. Sans ça, on passe notre vie à traîner des boulets sans même en avoir conscience. On souffre émotionnellement, on tombe malade sans comprendre pourquoi alors qu’il existe des solutions.
À la victime en nous!
Avec douceur,
Magali