Prendre soin de la victime en soi

Prendre soin de la victime en soi

 

Dans un monde où il faut être fort tout le temps, il ne fait pas bon être victime.
Nous sommes prêt·e·s à tout pour éviter de nous voir et nous sentir vulnérable, faible.
Pour ne pas ressentir ces émotions dites négatives. Rien que le mot fait peur, est inacceptable.

Dans les milieux du développement personnel, de la spiritualité, certains refusent catégoriquement le statut de victime. Parce que ça ferait vibrer à des fréquences trop basses ou parce que ça nous empêcherait de devenir la « meilleure version de nous-même ».

Ne pas en parler, ne surtout pas prononcer le mot comme s’il était une malédiction. Et si on en parle, c’est pour t’expliquer à quel point te croire victime est néfaste pour toi. Rien n’est plus faux.

Mais comme on en reste là, on voit d’un côté des gens qui rejettent complètement la victime en eux et, à l’opposé, des gens qui passent toute leur vie à se sentir victime. Mais, entre ces deux extrêmes, il existe une autre façon de voir à condition de sortir des conditionnements et d’être un peu curieux·se.

 

Est-ce vraiment un problème d’être victime?

 

En un mot NON. On peut se détendre, tout va bien.

Nous avons tous.tes vécu des situations où nous avons été victime. C’est humain, ça fait partie de la vie et ça n’est pas un problème en soi. Nous avons été blessé·e, nous nous sommes senti·e·s faibles et vulnérables. C’est difficile, c’est inconfortable, oui. Encore plus quand on veut l’oublier et passer vite fait à autre chose. Prétendre que tout va bien, que c’est du passé et on se concentre sur l’avenir, sur le positif. Comme si cet événement faisait de nous des victimes à vie,  marqué.e.s au fer rouge, sans aucune possibilité de changer. Mais pas du tout.

 

Le vrai problème est de refuser de prendre soin de cette victime en nous.

Nous avons tous vécu des situations difficiles, blessantes voire terrifiantes. Le genre de situations qui laisse des traumas. Qui modifie notre façon de ressentir, de penser, d’agir et de voir le monde. Le genre de choses qui complique sérieusement nos vies. Mais au lieu de prendre soin de ces blessures, qui de toute façon restent là et prennent encore plus d’ampleur quand on n’en prend pas soin, on préfère les nier, les éviter coûte que coûte.

Souvent, ça n’est même pas conscient. Parce qu’on a tous·tes plus ou moins appris à réagir comme ça et que c’en est devenu une habitude, un réflexe.

 

Puisqu’il faut rester fort et ne pas montrer le moindre signe de faiblesse, d’émotion, on met ça de côté en pensant que le temps et l’oubli guérissent. Que se concentrer sur le positif résout tout. C’est tout le contraire. La blessure prend de plus en plus d’ampleur jusqu’à créer des problèmes émotionnels et physiques. Le déni ne soigne pas. La victime en soi,  reste blessée, sans aide, sans possibilité de résolution, de guérison.

 

La première étape vers la guérison: reconnaître et accueillir la victime en soi.

 

Arrêter de se faire croire qu’on peut être fort·e tout le temps. Accepter son humanité, ses forces, ses faiblesses, ses hauts et ses bas. Accepter que oui, c’est arrivé et que ça a été vraiment très dur à vivre. Qu’on s’est senti·e démuni·e, sans solutions, sans aide peut-être même.

 

Contrairement à ce que beaucoup pensent, accepter sa vulnérabilité demande une sacrée force. Dans bien des cas, il est essentiel de se faire accompagner. Parce qu’on ne sait pas comment s’y prendre, parce que c’est nouveau, parce que ça peut faire peur. Et tout simplement parce que nous sommes humain·e·s et que nous avons tous·tes besoin d’aide.

Parce qu’à partir de ce moment peut débuter le processus de guérison. Au lieu d’avoir peur, on peut commencer à être curieux·se et accueillir, avec la plus grande bienveillance, ce que cette part victime a à nous dire. Et c’est un processus libérateur et guérisseur et tellement puissant qui peut commencer.

 

Prendre soin de ses faiblesses pour retrouver ses forces.

Prendre soin de ses blessures pour que le blocages s’envolent, sans forcer.

Pour se reconnecter à Soi.

 

Mais, on ne peut pas se lancer sur ce chemin avec une mentalité de « bourrin » à laquelle notre société nous a habitué. Pas de passage en force au risque d’aggraver les choses. On ne peut pas guérir de la même manière qu’on est tombé malade.

Non, ça demande une autre approche. Une approche douce, accueillante et bienveillante. Celle qui va respecter le rythme propre à chacun·e et qui va donner de vrais résultats sur le long terme.

Cette approche ouvre la voie de la véritable guérison qui permet de se reconnecter à ces parts de nous blessées et les réintégrer sous leur vraie forme. Ces parts, lorsqu’elles ne sont plus blessées, peuvent retrouver leur expression libre, leur force. C’est le chemin pour se retrouver et se sentir pleinement soi. Sans ça, on passe notre vie à traîner des boulets sans même en avoir conscience. On souffre émotionnellement, on tombe malade  sans comprendre pourquoi alors qu’il existe des solutions.

À la victime en nous!

Avec douceur,

Magali

Thérapies et culpabilité

Thérapies et culpabilité

 

« Vous bloquez votre guérison. Vous ne guérissez pas parce que vous n’avez pas pris la décision de guérir… »

 

Avez-vous déjà entendu un.e thérapeute vous faire ce genre de réflexions? Elles sont fréquentes, bien trop fréquentes et devenues presque normales dans le monde des thérapies alternatives. Et c’est très gênant.

 

Comment peut-on dire à quelqu’un en souffrance, vulnérable et qui vient chercher de l’aide qu’iel bloque consciemment sa guérison?

Certain.e.s thérapeutes pensent vraiment avoir TOUT compris à l’être humain et à la guérison? TOUT savoir sur ce qu’il se passe en vous et peuvent affirmer que VOUS êtes la raison pour laquelle vous ne guérissez pas? Que VOUS choisissez consciemment de ne pas guérir?
Mais qui peut affirmer ça? Personne.

 

Parfois, malgré toute la bonne volonté du/de la thérapeute et du/de la patient.e, la guérison n’est pas au rendez-vous. Ça prend plus de temps qu’on aimerait. Ça arrive. L’être humain est complexe et la guérison reste encore un mystère.

 

Certaines problématiques seront réglées rapidement et d’autres non. Chaque personne est unique. Chaque problématique est unique  malgré les possibles similitudes. Il peut y avoir tellement de raisons qui font que ça n’a pas fonctionné. Et encore, j’ai du mal à croire qu’il ne se passe rien du tout, qu’un soin ou une thérapie soit un échec total. Il se passe toujours quelque chose mais parfois, ça n’est pas visible de suite. Parfois, aussi frustrant que ça puisse paraître, on ne fait que préparer le terrain. Et c’est au thérapeute de l’accepter.

 

 

Mais, certain.e.s, au lieu d’accepter qu’iels ne  maîtrisent pas tout et que le chemin vers la guérison n’est tout simplement pas terminé, voudraient trouver un coupable. Il ne leur vient même pas à l’idée d’accepter leurs limites en tant que thérapeute, en tant qu’être humain. Accepter que personne ne maîtrise la vie. Que chacun fait de son mieux mais que, dans le domaine des soins, rien n’est jamais garanti. Et ainsi, font porter le chapeau à leurs patients qui repartent avec le poids de la culpabilité à gérer, en plus du reste.

 

 

Vouloir à tout prix chercher un coupable…

 

 

Pourquoi vouloir à tout prix chercher un coupable? Pourquoi? On porte déjà en nous tellement de culpabilité (merci les religions), pourquoi en rajouter? Ça n’arrange rien. Bien au contraire, ça nous coupe un peu plus de nous, de nos ressentis, nos potentiels. Ce réflexe de chercher un coupable est extrêmement néfaste. Il n’y a pas de coupable. Il y a des choses qu’on ne comprend pas entièrement. On ne sait pas tout. On apprend tous les jours. Parfois, la guérison prend du temps. Parfois, le processus a commencé et devra se poursuivre avec un.e autre thérapeute…

 

Bien sûr, en tant que thérapeute, on aime notre métier, nos outils, on a envie d’aider et c’est frustrant quand ça ne semble pas fonctionner.
Mais un simple « je ne sais pas » nous permettra d’aller plus loin que de vouloir faire porter au patient le poids de « l’échec » de la thérapie. S’il y a encore beaucoup d’incertitude autour de la guérison, il est en revanche évident que la culpabilité y nuit. Sans compter que c’est à la fois violent, irrespectueux et délétère. Et il serait temps d’en prendre conscience et s’ouvrir à d’autres façons d’accompagner.

 

 

De nouvelles façons d’accompagner.

 

Quand on arrêtera de chercher des coupables, alors on pourra rediriger toute cette énergie vers la découverte de nouvelles façons d’accompagner. Arrêter de faire comme si on savait tout et apprendre encore et toujours. Là, on fera certainement de gros progrès dans l’accompagnement vers la guérison.

On pourra aussi faire de gros progrès dans l’accueil et le lien au patient qui sont si importants et encore trop souvent négligés. Je me demande même aujourd’hui s’ils ne sont pas essentiels dans le processus de guérison.

Ainsi, plus qu’une méthode, j’invite chaque personne qui souhaite consulter à choisir le/la thérapeute qui leur convient. dont l’approche leur parle.

 

Prenez soin de vous
With love

Magali

 

 

J’ai la rage!

J’ai la rage!

J’ai la rage et qu’est-ce que c’est bon!

C’est venu comme ça. Je m’inscris à un cours d’écriture intuitive (wild writing) la semaine dernière (best birthday present ever!!).
J’ai une furieuse envie d’écrire en anglais.

 

Hier, ça commence mal! Je bloque sur l’exercice du jour. J’essaie de jouer à la bonne élève mais je n’y arrive pas! Je lutte très peu de temps. Tant pis, je fais ma mauvaise élève (je m’autorise le truc, énorme déjà en soi!) et je pars dans une toute autre direction. De toute façon, c’est là, c’est prêt (j’ai un peu préparé le terrain les jours d’avant sans m’en rendre compte) et ça sort tout seul.

 

Pendant une heure, j’écris sans m’arrêter et je sors toute ma rage! Ouais, là, c’est pas une petite colère! Ça part dans tous les sens, c’est dégueulasse, c’est violent, c’est désordonné, complètement politiquement incorrect, vulgaire, c’est bien crade et je me roule dedans. J’y vais avec joie! C’est tellement bon de laisser sortir tout ça! J’ai ouvert une porte, enlevé un barrage et ça s’écoule tout seul, sans le moindre effort.

 

J’ai la sensation de me retrouver enfant, avec cette spontanéité intacte mais cette fois-ci, sans les parents ou adultes pour me dire que « non, il ne faut pas faire ça »! Cette fois-ci, TOUT est permis parce que JE me l’autorise! Aucune censure! Quelle putain de sensation de liberté!!!

 

Je sors ma rage de vivre des angoisses depuis plus de huit ans. Ma rage de ne pas pouvoir sortir seule, de travailler sur moi, de me transformer pour si peu de résultats! Ras le cul d’avancer à rythme d’escargot! Je lâche le filtre spirituel du « tout est juste, tout est parfait »…  Alors, oui, il y a du positif dans ma situation et j’en ai déjà fait la liste mais je ne suis jamais allée voir de l’autre côté, ou alors juste en surface. Allez, c’est parti!

 

J’écris ma rage d’être davantage capable d’aider les autres que moi-même. Super, c’est génial de voir les autres se sentir mieux, de voir à quel point je peux les aider! Du pur kiff mais, et moi là-dedans??? Si j’arrivais à faire la même chose pour moi? Quelle putain de frustration de ne pas pouvoir m’apporter à MOI ce que j’apporte aux autres! Comme une erreur quelque part…

 

J’écris ma rage contre moi-même de ne pas réussir à me sortir de cette situation! D’avoir tout un tas d’envies, de rêves que je ne m’autorise pas à vivre.

 

J’écris ma rage de générer de la pitié chez les autres. « Pauvre Magali, avec ses angoisses!… » J’en peux plus de cette pitié, je ne suis pas cette petite chose fragile que vous voyez! Gardez la votre pitié!

 

Je gerbe ces gens qui croient mieux savoir que moi ce que je devrais faire. Ceux qui pensent que je devrais « me sortir les doigts du cul et faire quelque chose parce que quand même, je me complais un peu trop dans ma situation »!
Mais, je te fais ressentir, ne serait-ce que 10 petites secondes mes angoisses et tu vas pleurer et partir te cacher dans une grotte dont tu ne voudras plus sortir! Et plus jamais tu ne viendras me dire ce que je dois faire!

 

J’écris ma rage d’avoir trop longtemps fait ce qu’on attendait de moi, d’avoir été une gentille fille bien sage. De penser aux autres avant de penser à moi. De faire comme ça parce que c’est comme ça qu’on fait, parce que ça ne se dit pas….. Et ça m’a menée où? Au point où je pense toujours aux autres avant de penser à moi. Ouais, où suis-je moi là-dedans? Je me suis perdue en route et j’essaie de retrouver toutes ces parts de moi que j’ai laissées sur le côté de la route..

 

J’écris ma rage contre ceux qui me traitaient d’intello à l’école. Ceux qui pensaient que je devais fermer ma gueule! « T’as des bonnes notes mais surtout ne te réjouis pas! Tu ne vas te réjouir alors que nous, on se sent nuls. Tiens, et puis, on va en profiter pour se moquer de toi, quelques coups bas par-ci par-là histoire que tu te sentes un peu mal! »  Génial, comme ça tout le monde se sent super mal et on y gagne tous? C’est ça le principe? Soyons tous malheureux en même temps? J’ai appris à me faire toute petite pour ne pas insécuriser les autres. J’ai appris qu’il valait mieux me cacher et me dévaloriser sinon je risquais de m’attirer la foudre des autres!

 

Et la rage sort et ça me fait tellement de bien!

 

Jamais je ne m’étais autant lâchée! J’étais tellement perchée avec mon discours « spirituel » que je me bridais moi-même! Je ne m’autorisais même pas à la penser! Mais quel bien ça fait de lâcher cette rage! Quelle libération! Comment j’ai pu la garder si longtemps en moi?
Ah oui, c’est vrai, ça ne se fait pas!

 

Eh ben si, ça se fait! On ne va pas se sentir mieux en gardant ça à l’intérieur. Ça nous pourrit! Vivons toutes nos émotions, ouvrons leur grand la porte!
Ouais, je sais, je me répète mais c’est vrai. Plus je m’autorise à aller loin dans l’expression de mes émotions, mieux je me sens! C’est du pur accueil de moi, de ce que je vis à l’intérieur! Ouvrir cette porte, c’est magique!

 

Aime ta rage!

 

Magali

PS: Merde, je crois que je suis en train de faire ma crise d’adolescence!!! A 38 ans, il était temps! ^ ^

La procrastination, ou l’art d’en rajouter

La procrastination, ou l’art d’en rajouter

Procrastination, ce mot à la mode, cette pathologie dont tellement souffrent.

Tu t’affoles devant ta propension à procrastiner. Tu focalises sur ce défaut en toi. Tu te prends la tête. Tu essaies de trouver des solutions pour sortir de ce terrible fonctionnement qui a parfois tendance à te pourrir la vie.

Tu te prends la tête devant ce constat. Tu as peur et du coup, tu essaies les to-do lists, les rappels dans ton agenda… et tu y penses, tu y penses tellement à ce coup de fil que tu dois passer, à ce papier que tu dois remplir, à ce dossier que tu dois rendre…
Cela t’obsède mais tu ne le fais toujours pas! Tu luttes.
Ça y est, tu as trouvé ton problème: tu procrastines!
Mais tu t’en veux tellement de procrastiner. Et tu le fais, tu ne peux pas t’en empêcher; mais tu t’en veux. Et tu continues…

Sortir à tout prix de cette procrastination!

Oui, des conseils, tu vas en trouver.
En même temps, pour certains, c’est un mode de fonctionnement dans lequel ils sentent bien. Super! Pas de problème!

Pour d’autres, ça devient un enfer!
A ceux-là, je dirais juste de se poser, de respirer un bon coup.

La procrastination n’est que le résultat, le bout du chemin.
Je te propose de revenir au début, à quelque chose de bien plus simple en fait.
Pourquoi tu procrastines?
Parce que tu as peur ou pas envie de faire quelque chose. C’est aussi simple que ça!

Alors, au lieu de t’insulter, de t’en vouloir parce que tu procrastines, assieds-toi, détends-toi, respire!
As-tu vraiment envie de………?
As-tu peur de……………..?
Là, tu vas au cœur du sujet et tu peux arrêter d’en rajouter des couches et de te faire souffrir inutilement pour un « problème » qui paraît sans solution!
Si tu n’en as pas envie, demande de l’aide ou trouve autre chose que tu aimeras faire et que tu feras dans l’instant tellement ça te plaît!

Tu as peur? Tu peux aussi te détendre! (oui, oui!)
Ok, c’est cool, tu as peur! Tu ne procrastines pas parce que tu possèdes en toi le gène de la procrastination, non! Tu as juste peur. Rien de plus naturel. C’est cool, tu es comme tout le monde, tu es un être humain et tu as peur! Bravo!

On n’est pas là pour jouer les héros, faire croire qu’on a jamais peur. Ça a déjà été fait et refait et ça ne marche pas. ça demande de nier sa peur, mais du coup, ça la fait grossir et grossir jusqu’à ce qu’elle nous envahisse et qu’on ne puisse plus l’ignorer. Donc, ok , on rétablit la peur dans la liste des invités chez nous. On l’accueille!

Elle est comme tout le monde, elle a des choses à dire. Alors, voilà, écoute là, prends le temps. Ça peut même aller vite parce qu’à partir du moment où tu acceptes de la voir, tu vas parfois te rendre compte que ce n’était pas grand chose en fait. Qu’elle avait pris ces proportions parce que tu avais simplement refusé de la voir. Parce que tu la reconnais au lieu de la fuir, quelque chose en toi s’apaise.
Et si ta peur te laisse démuni(e), demande de l’aide.

Mais par pitié, arrête de t’auto flageller parce que tu procrastines! Détends-toi! Oui, on procrastine tous à un moment où un autre et il y a une raison à ça. Personne n’est « parfait ». Nous ne sommes pas des robots, juste des êtres humains avec des émotions.

Prends soin de toi.
Magali

Le jour où j’ai décidé de toujours m’écouter

Le jour où j’ai décidé de toujours m’écouter

Depuis 2010, je vis une expérience très particulière.
A l’aube de mes 30 ans, je me retrouve coincée chez moi. Impossible de mettre un pied dehors, à moins d’être accompagnée, et encore… Chaque sortie déclenche de violentes angoisses. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. C’est déroutant, difficile à vivre. J’ai aussi terriblement honte de ce que je vis.
Je ne savais pas ce qu’étaient des angoisses, des crises d’angoisses jusque là. Je découvre des émotions dont je me serais volontiers passée! Comment ai-je pu en arriver au point de ne plus pouvoir accomplir ce geste si simple, que je faisais auparavant sans même y penser?
Je ne peux pas rester comme ça et je prends rendez-vous chez une psychologue pour m’aider à comprendre et reprendre une vie normale. Les mois passent mais ce que je pensais être passager s’installe et je n’arrive pas à en sortir. Je cherche donc un autre type d’aide, avec les médecines alternatives. Je lis beaucoup, des livres de développement personnel, j’apprends à prendre soin de moi. Je mets toutes les chances de mon côté. Ça passera…

 

Quatre ans plus tard, j’en suis presque au même point. Beaucoup de choses ont changé dans ma vie. Je me suis transformée. Je me sens beaucoup mieux. Je n’ai plus d’angoisses, ni crises d’angoisses chez moi (oui, j’ai un peu tout testé niveau angoisses entre temps!). Mais, je ne peux toujours pas mettre un pied dehors sans être accompagnée.
C’est le printemps, l’été approche et, avec le soleil, l’envie de sortir se fait pressente. Mais plus que tout, je suis motivée par l’envie de retrouver mon indépendance et redevenir normale. Je ne peux pas dire que je me sens bizarre mais je peux te dire qu’annoncer à quelqu’un que je ne sors pas seule n’a rien de facile. La tête que  les gens font! Est-elle un peu folle? Non, je suis tout à fait saine d’esprit. Il y a juste ce truc que je ne m’explique pas!

Je décide donc qu’il est temps pour moi de ressortir seule. Seul « petit » problème, rien que l’idée de sortir m’angoisse au plus haut point. Mais, je choisis de dire non à ces angoisses. Je me dis qu’il faut enclencher le changement et que, au fur et à mesure, je m’y ferai, que ça deviendra de nouveau naturel pour moi.

 

Ça n’est pas une mince affaire!
Première sortie, pas de gros objectif. Je décide de ne pas aller très loin: la boulangerie la plus proche de chez moi, à  deux-trois minutes à pied, fera l’affaire. En même temps, je ne peux pas m’imaginer aller au-delà.
Et là, attention, préparation! Je me fais à l’idée et c’est tout un monde pour moi. Je me refais le trajet dans la tête des milliers de fois, et ça m’angoisse comme si j’y étais. Je n’ai même pas encore mis un pied dehors que je tremble, mon cœur s’affole… Mais je décide que rien ne m’arrêtera. Ça passera…

Je m’assure de pouvoir joindre quelqu’un au téléphone pendant mon trajet en cas de crise d’angoisse ingérable. Je m’assure aussi d’y aller à une heure où il y a peu de monde parce que faire la queue n’est pas envisageable, angoisse à la clé. Et je refais le trajet dans ma tête, toujours avec cette angoisse.
Tu ne peux même pas imaginer l’énergie que cette petite sortie de cinq minutes me demande, rien qu’en préparation. Mais, je me force, je lutte et j’y arriverai! Je suis déterminée, plus que jamais. Ça passera…

C’est le grand jour! Je tremble, j’angoisse mais j’y vais! Chaque pas augmente mon angoisse. Je suis là et je ne suis pas là. Je suis dans mon monde d’angoisse et je ne peux pas profiter de ma petite balade. Je suis enfin dehors, seule, mais je ne peux pas l’apprécier. Il n’y a aucune joie. Toute mon énergie se perd à essayer de gérer l’angoisse, de respirer, de calmer mon cœur qui bat à tout rompre. Et toujours cette question: je continue ou je fais demi tour? Je prends mon téléphone? Non. Je veux le faire seule! J’arrive tant bien que mal à la boulangerie dans un état d’angoisse assez hallucinant, tremblante… mais j’y suis!
Je rentre chez moi. Je ferme la porte. Je suis mitigée, à la fois heureuse et fière de l’avoir fait et dans un état de fatigue, de tension impressionnant. Tout ça pour un petite baguette! Ça passera…

 

Je ne désespère pas! Je suis persuadée que plus je le ferai, plus facile ce sera!
Quelques jours plus tard, le temps de me remettre de ma première sortie, je prépare ma deuxième sortie. Et toujours le même scénario de préparation, d’angoisses…
Je renouvelle l’opération plusieurs fois, en essayant d’aller un tout petit peu plus loin à chaque fois. Ça n’est jamais plus facile mais j’insiste. J’essaie d’être régulière et de ne rien lâcher pour qu’enfin, il se passe un déclic en moi, que je me rende compte qu’il n’y a aucun danger à sortir. Après tout, je le sais mais il y une partie de moi qui n’y croit pas du tout.
Si la préparation est difficile et le début du trajet aussi, le reste est plutôt agréable. Pas très naturel quand même mais bon, ça passera…
Jusqu’au jour où, alors que je rentre chez moi, je sens que j’ai trop forcé, que je suis au bord de la crise d’angoisse, que ça ne va pas du tout! Ah oui, en effet, je suis allée trop loin, bien trop loin. Je ne me suis pas écoutée et je vais payer le prix fort! Je fais une rechute mo-nu-men-tale! Pendant plusieurs mois, je suis constamment au bord de la crise d’angoisse.
J’ai besoin d’avoir constamment à portée de mains, mon téléphone portable, mon fixe et d’être sûre à 100% de pouvoir joindre quelqu’un en cas de crise d’angoisse. Moi qui dors habituellement super bien, je découvre les insomnies, crises d’angoisses et crises d’asthmes nocturnes! La totale! Il m’a fallu beaucoup de temps pour me remettre de ça!

 

C’est à ce moment que j’ai décidé de ne plus jamais aller contre mes ressentis!
Quand j’ai pris la décision de ressortir, je sentais bien que mon corps disait non et j’ai choisi de ne pas l’écouter.
Je savais que je n’étais pas prête mais je n’ai pas voulu l’entendre. J’ai voulu faire comme tout le monde, être comme tout le monde et  comme tout le monde sort seul (ou presque), tout le monde peut aller faire ses courses  seul, se balader, je devais aussi le faire…  J’ai voulu me sentir « normale », comme les autres.
J’ai juste oublié que, les autres, on s’en fout! Les autres ne ressentent pas cette angoisse que je ressens en ce moment! Je ne peux pas faire l’économie de m’écouter. Forcer ce qui n’est pas prêt ne fonctionne pas.

Mon corps, mes ressentis sont très fiables. Ils me disent toujours de façon très précise où j’en suis. Je me suis donc dis que, quand je serai prête à ressortir, je le saurais, mon corps me le dirait.

 

Alors, j’y suis allée en douceur. J’ai accepté de dire « ok, je ne sais pas pourquoi j’en suis là. Je ne comprends pas tout. »  Mais je dis OUI.
A vrai dire, quand j’y pense, sortir seule n’est pas tout mais c’était devenu une obsession pour moi.
Je ne suis pas que cette personne qui ne peut pas sortir seule, je suis bien plus. A partir du moment où j’ai accepté de dire oui à cette limite, j’ai pu me détendre et être heureuse. Il n’y a pas de hasard, et bien que je ne le comprenne pas, cette situation est la meilleure pour moi. Je sais que la vie m’apporte toujours ce dont j’ai besoin. J’en ai eu la preuve plusieurs fois. J’accepte donc de lui faire confiance. Et, en effet, cette expérience est riche et m’amène à me transformer comme jamais, à me mettre au premier rang de ma vie et à être tellement plus heureuse que je n’ai pu l’être avant.
Des angoisses disparaissent sans que je comprenne pourquoi, ni comment. Je commence à pouvoir faire quelques pas dehors, dans la joie. Ça peut paraître peu mais qu’est-ce que je les apprécie. Marcher seule, sans la moindre angoisse, un vrai bonheur! C’est déjà énorme pour moi! Et le plus beau, c’est que ça ne me demande aucun effort, aucune préparation.

Au fil du temps, je retrouve progressivement ce sentiment de sécurité. Je trouve la joie dans tout un tas de choses: l’écriture, la peinture, mon activité professionnelle. Je sors, accompagnée. J’ai des hauts, des bas, comme tout le monde. Je vis, tout simplement.

J’expérimente beaucoup aussi. Je me réconcilie avec mes émotions. Ma clairvoyance, mes ressentis se développent continuellement et c’est très agréable. Cela me permet de voir la vie d’une toute autre façon, plus douce, plus joyeuse.
Longtemps, j’ai cru que je ne pourrais être une bonne thérapeute  que quand je pourrais à nouveau sortir seule. Mais je me suis trompée. Mon expérience, ma sensibilité, tout ce que je peux vivre m’aide à mieux accompagner les autres. C’est devenu très naturel pour moi d’aider les autres à se sentir mieux, à retrouver la joie d’être qui ils sont. C’est en moi, c’est là, une évidence et j’adore ça, alors pourquoi attendre?

Si demain je sors seule, je ne serai pas meilleure, je n’aurai pas fondamentalement changé. Je vivrai juste une expérience différente. Mon corps, mes ressentis m’auront donné le feu vert et je les aurai écouté.
Je n’ai plus envie d’être normale, comme tout le monde. Je suis bizarre, et je crois qu’on est tous bizarres à notre façon. J’aime ça, être bizarre, en fait. J’ai juste envie d’être moi, avec tout ce qui fait que je suis moi et j’adore être moi!

A notre bizarrerie, à tout ce qui fait que nous sommes nous!
Magali

Les trésors de la colère

Les trésors de la colère

Je poursuis donc l’aventure des émotions avec cette fois-ci, la colère!!! Aaah cette colère! On était bien fâchées toutes les deux. Je la refusais complètement, je voulais l’effacer de ma vie. Trop de violence pour moi!
Mais peut-on vraiment gommer une émotion de notre vie juste parce qu’elle nous dérange, qu’on ne l’aime pas? J’allais découvrir que …. non!

Quand je suis en arrêt de travail prolongé et que je prends enfin le temps de m’occuper de moi, de ces angoisses qui ne me lâchent pas, je suis, bien évidemment amenée à m’occuper des mes émotions et de cette fameuse colère! Plus moyen de la fuir.

J’ai déjà écrit un article à ce sujet d’ailleurs. A l’époque, je prends conscience de mes mécanismes pour l’éviter. Je remarque qu’à chaque fois que la colère monte, je la bloque, je mets un couvercle dessus et je joue la carte de la sagesse. Je me demande ce qui se cache derrière cette colère, ce qu’elle me dit de moi. Super! J’ai compris et je peux passer à la suite. Alors oui, c’est cool de voir ça mais il n’en reste pas moins que je ne l’ai pas exprimée et que chaque émotion a besoin de me traverser, d’être vécue.

Donc, à ce moment là, j’accepte de la laisser monter, de la laisser me traverser, de ressentir ce que ça fait. Je vois que ça n’est pas aussi terrible que je  l’imaginais. J’apprends doucement, à mon rythme (on partait de trèèèèès loin), à entrer en contact de nouveau avec elle et c’est déjà un grand pas pour moi!

Mais voilà, je suis très loin de pouvoir l’exprimer, la vivre pleinement parce que je la considère encore comme trop violente. Et cette violence, je ne peux me résoudre à l’accepter. Pour m’aider, je me tourne un peu vers la communication non violente. Génial, il y aurait un moyen d’exprimer sa colère sans violence! C’est ce qu’il me faut! Mais, ce type de communication me va et ne me va pas. Je n’y arrive pas vraiment. Quelque chose en moi bloque. Non, ça n’est pas ce dont j’ai besoin. Donc, je poursuis mes recherches et expérimentations jusqu’à un déclic. Si je veux exprimer ma colère, je dois dans un premier temps accepter pleinement que la colère, c’est violent! Pas évident…

Je prends un peu de recul. Je la considère donc comme une émotion lambda, au même titre qu’une émotion que je considère positive, comme la joie par exemple. Oui, je l’ai bien compris aujourd’hui et je le vis: les émotions sont des mouvements qui nous traversent. Quand ce mouvement se fait librement, pas de problème.
C’est lorsque que je bloque ce mouvement que je me sens mal. Et, c’est bien mon avis sur cette émotion qui va faire que je m’autorise à la vivre ou non. Je travaille donc sur cette autorisation mais elle met du temps à venir. Je sens à quel point je bloque. J’avance, je recule, je lui tourne autour mais je n’y arrive toujours pas!
Mais bon, pas besoin de m’inquiéter.la vie est bien sympa. S’il est nécessaire pour moi de vivre une émotion quelle qu’elle soit (oui, ça amène de belles guérisons), la vie va me proposer de la vivre, de la revivre autant de fois qu’il me sera nécessaire. Elle va me proposer des situations pour me permettre de me laisser traverser complètement pour que ce blocage disparaisse.

Comme tu peux l’imaginer, je n’y échappe pas! Des occasions d’exprimer ma colère, j’en ai plein! La vie est généreuse!!! Mais je m’y refuse encore et toujours. Oui, je comprends que ça me ferait du bien mais j’ai encore besoin de temps pour changer radicalement ma perception de cette chère colère. Pas grave, je prends le temps dont j’ai besoin!
Mais la frustration monte, cette frustration qui va enfin me permettre de passer à l’action. La frustration, quel moteur! Parce qu’à chaque fois que quelqu’un me met en colère, ah oui, je m’exprime. Je rumine dans mon coin. Je partage aussi ma colère à mes proches « tu te rends compte, comment elle a osé faire ça???? Pour qui elle me prend???!!! »
Mais jamais je ne l’exprime à la personne qui a généré ma colère. Elle, elle n’en sait rien du tout et ne peut se rendre compte de rien parce que je ne dis rien! Plus ça va, plus je me sens un peu conne. A quoi ça sert d’en parler à tout le monde et ne pas oser en parler à LA personne concernée?

Ce qui va vraiment m’aider est de comprendre que cette colère que j’exprime m’est bénéfique mais qu’elle l’est aussi pour la personne envers laquelle je l’exprime. Je vois tous les jeux qui se jouent à chaque échange avec les autres et je vois aussi que dans l’échange que j’ai avec une personne, j’ai besoin d’exprimer quelque chose et la personne en face a besoin de le recevoir. Que ce que j’exprime va aussi débloquer ou permettre quelque chose pour elle.

 

J’ai juste, jusque là, refusé que ça passe par la violence de la colère. Il n’y a aucun hasard dans la vie, elle est plutôt super bien organisée, efficace et tout et tout. Et qui suis-je pour remettre en question cette perfection? Surtout que je la vis, je la vois cette perfection dans tellement de situations!
Alors, j’accepte de ne pas tout savoir et de faire confiance. Oui, cette personne me met très en colère! Ah oui, je peux te dire que la vie m’a bien aidée sur ce coup là! Je ne te donne pas les détails mais il y avait vraiment de quoi se mettre en colère. Surtout que c’est la deuxième fois que je vis ce genre de situation avec cette même personne.

C’est donc décidé, je vais la voir pour exprimer ma colère. Je dis OUI! Je tremble, je ne suis carrément pas à l’aise. C’est nouveau et difficile mais je me sens en même temps poussé par une rage qui fait que j’y vais! Moi qui avais peur de partir dans tous les sens, d’être complètement incohérente et d’être violente pour être violente sans que ça ne mène à quoi que ce soit, je m’étonne moi-même! Je m’exprime clairement, avec toute la colère que j’ai. Je la lâche et ça me fait du bien. Je rentre chez moi, je suis fière de moi! Waouh, quelle expérience! Yes, ça fait trop de bien! Je sens une libération en moi!

Ce qui me faisait peur aussi, à l’idée d’exprimer ma colère, était de me sentir gênée par la suite. Oui, cette personne était ma voisine (elle a démangé depuis, elle n’avait plus besoin d’être là, elle avait fait son boulot, remplit son contrat et moi le mien! 😉 ). J’avais donc peur de sa réaction et de la mienne. J’avais peur de passer pour la méchante, la mauvaise personne. Ben oui, c’est aussi un gros morceau qui va avec la colère! Accepter la méchante en moi. Et finalement, ça n’a pas été compliqué du tout. Je me suis surprise à ne pas être gênée. Je m’étais imaginée tout un tas scénarios catastrophe qui n’ont jamais eu lieu.

En revanche, quelle belle réconciliation avec la colère! Je l’ai accueillie comme un gros cadeau et j’ai senti tout le bien qu’elle m’a fait.
Et une autre expérience qui m’aide à me rapprocher de mes émotions et au final de moi. Une expérience qui m’aide à m’aimer un peu plus avec tout ce que je suis. M’aimer quand je suis joyeuse ou dans une colère folle. Je récupère des parties de moi, je deviens un peu plus complète. Le tout est vraiment d’y aller à son rythme. Par exemple, pour moi, il m’a fallu comprendre, observer, et comprendre à nouveau avant d’intégrer les bienfaits de la colère et de m’autoriser à l’exprimer!

Alors oui, la colère, tout comme n’importe quelle autre émotion, est un trésor. Halte à la discrimination envers la colère!!! Libérons la! 🙂

Bon, ben je crois que la prochaine sur la liste des émotions « négatives », mal aimées, sera la peur!

à bientôt!
Magali

PS: Si tu souhaites que je t’accompagne à vivre tes émotions, c’est par ici!

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